PK : Bonjour Olivier, comment as-tu atterris dans la Bande Dessinée ? As-tu suivi un cursus dans les arts graphiques ?

Olivier Dauger : j’ai toujours aimé dessiner et c’est donc tout naturellement que j’ai fait des études d’art graphique. Je suis devenu illustrateur et ce n’est qu’au début des années 2000 que j’ai eu envie de faire de la bande dessinée.

PK : Comment est venu le déclic pour créer « Ciel en Ruine » ? Une commande, une rencontre ou votre imagination ?

Olivier Dauger : C’est Philippe qui est à l’origine du projet. Il avait écrit cette histoire bien avant que l’on se rencontre, il s’intéressait depuis longtemps aux premiers avions à réaction.

PK : Avais-tu déjà travaillé avec Philippe Pinard ( scénariste de Ciel en Ruine) auparavant ?

Olivier Dauger : Je travaillais occasionnellement avec lui comme illustrateur au sein du magazine Motomag ou il était journaliste. Puis un jour on s’est rendu compte de notre goût commun pour la BD et les Warbirds. Ce jour là Philippe à sorti de son tiroir le scénario de Ciel en ruine. Il faudra quelques années pour être édité.

PK : Philippe travaille seul le scénario et t’envoie le synopsis ? Chacun reste maître dans son domaine ou chacun mets « son grain de sel » dans le domaine de l’autre ?

Olivier Dauger : Philippe travaille seul le scénario qu’il m’envoie sous forme d’un découpage page par page avec description de l’action. Il m’arrive de modifier le découpage, surtout quand je manque de place ou que j’estime devoir donner plus d’importance à certains passages. Mais c’est assez rare. De son côté, Philippe intervient parfois pour corriger un dessin quand J’ai mal interprété son scénario.

PK : Penses-tu comme Jean-Michel Charlier (Barbe Rouge, Buck Danny, Blueberry) qu’une bande dessinée avec un bon scénario ne peut se faire que sur plusieurs albums ?

Olivier : Je ne pense pas même si il est vrai que 46 pages c’est court pour développer une action ou creuser les caractères des personnages. Mais pour des raisons de coût on a parfois pas le choix. Nous avons la chance d’avoir pu développer CER sur 5 tome grâce a la confiance de notre éditeur et à la fidélité de nos lecteurs.

PK : Lorsque l’on commence à dessiner, on créer son propre style, c’est à dire on dessine comme ça vient ou on est influencé par un courant et on le suit plus ou moins ?

Olivier Dauger : Personnellement je dessine comme ça vient mais mon « style » est forcement du à mon goût pour certains dessinateurs classique comme E.P Jacobs, Martin, Hubinon et bien d’autres…

PK : Tu préfères la mise en couleurs par informatique ou l’encrage traditionnel ?

Olivier Dauger : attention on parle d’encrage uniquement pour le tracé noir du dessin. Les 4 premiers tomes ont été encrés avec une palette graphique. Le Tome 5 que je suis en train de réaliser est encré à la plume et au pinceau de façon traditionnelle. Quant à la couleur par informatique, elle me convient à condition de limiter au maximum l’utilisation d’effets numériques qui ont souvent l’inconvénient de manquer de chaleur par leur aspect trop parfait.

PK: Dans certaines anciennes bandes dessinées comme Blake et Mortimer, Jacobs faisait de temps à autre des dessins pleine page. Que penses-tu de ces dessins grand format ? Dans le T4 tu as réduit la dimension des cases par rapport au T1, pourquoi ?

Olivier Dauger : Jacobs ou Hergé avaient recours à ces grandes cases pour une question de pagination. Elles ne me semblent pas très intéressantes sur le plan du récit. Mais ça fait de belles illustrations !! On a en effet des leT2 réduit les cases pour pouvoir en mettre plus et Donc densifier le récit.

PK : On connait tous les récits des vétérans comme Adolf Galland « Jusqu’au bout de nos Messerschmitt », H,U Rudel « Pilote de Stukas », Peter Henn « La dernière rafale », etc, T’es-tu inspiré de ces différents récits, as-tu eu accès à d’autres manuscrits ?

Olivier Dauger : Moi non, même si j’ai lu des livres de pilotes. En revanche Philippe oui.

PK : As-tu rencontré d’anciens vétérans de la Luftwaffe ?

Olivier Dauger : non jamais et la probabilité déjà faible diminue rapidement !! et en plus je ne parle pas un mot d’allemand !! sourire !!

PK : Lorsque l’on fait une histoire avec pour héros un pilote de la Luftwaffe, n’as-t-on pas tendance à en « rajouter » pour éviter toute polémique et de ce fait à dénaturer l’ Histoire ? Trouves-tu que chaque récit, chaque témoignage, chaque BD, etc… qui traite d’un soldat de la Wehrmacht ou d’un pilote de la Luftwaffe par exemple doit être accompagné d’un « examen de conscience » ?

Olivier Dauger : l’examen de conscience en effet est souvent présent dans les histoires qui mettent en scène des soldats allemands. Maintenant je ne pense pas qu’il soit là uniquement pour éviter une quelconque polémique. Il donne également un éclairage sur les mentalités de l’époque, sur le sens de l’engagement pour son pays, sur l’absurdité de la guerre et de son flot d’horreurs qui l’accompagne. Il rend crédible l’histoire car en quelque sorte il humanise.

PK : Le sujet traité situe l’histoire en fin de guerre, un choix délibéré ?

Olivier Dauger : les premiers ME 262 étant entré en action fin 44 on avait pas trop le choix. Et puis montrer le déclin du Reich et en particulier de son aviation malgré une avance technologique évidente était très intéressant.

PK : Avez-vous pu avoir des récits des pilotes de bombardiers ou de chasse alliés autres que « Le grand cirque » de Pierre Closterman pour avoir une vison plus globale des combats aériens et notamment des anecdotes sur des combats contre les Me 262 ?

Olivier Dauger : j’ai en effet lu des récits de pilotes de la 8eme Air Force dont je le rappelle 50 000 membres sont morts durant le WW2. Et bien j’aurais pas aimé être à leur place !! un 262 crachant ses obus de 30mm sur un B17 le hachait littéralement !!

PK : Pour planter le décor de votre histoire vous-êtes vous appuyé sur des livres comme « L’incendie » de Jörg Friedrich qui décrit les terribles bombardements sur l’Allemagne à travers l’aspect technique (tornades de feu, la défense passive, les témoignages, etc) ou « La grande débâcle » de Jacques de Launay qui lui décrit l’exode des populations civiles allemandes fuyant devant l’Armée rouge, tels que l’on peut voir dans le T4 ?

Olivier Dauger : il faudra demander à Philippe.

PK : Les scènes de combats aériens demandent-t-elles beaucoup de recherche ? Par exemple la scène de combat en boucle dans le T4 avec le duo de Me 262 contre les deux P-47 ?

Olivier Dauger : je ne sais pas ou Philippe à trouvé cette anecdote Mais elle est véridique.

PK : Vous avez introduit dans le scénario un élément « fantastique ». Qu’est-ce qui a motivé cet ajout ?

Olivier Dauger : là encore Philippe répondrait mieux que moi. Fisto n’est pas réellement un élément fantastique mais le reflet de la conscience de Nikolaus. C’est un aspect essentiel du récit même si il a pu en dérouter plus d’un.

PK : Ciel en Ruine est romancé, est-ce que tu voudrais faire un jour une bande dessinée dite « Historique » abordée de façon plus grave comme Dimitri (Kamikaze, Kursk, Kaleunt, Sous le pavillon du Tsar, Raspoutitsa…) ?

Olivier Dauger : Ce qui est intéressant à mes yeux ce sont les personnages. Le fond historique est secondaire….donc je ne pense pas me lancer un jour dans du pur »historique »

PK : Connaissais-tu la reconstitution historique ou les spectacles dits « d’histoire vivante » ?

Olivier Dauger : j’avais vu des photos sur le net. Le rendu final est bluffant ! Du super boulot fait par une équipe de vrais passionnés !

PK: Merci beaucoup et longue vie à Ciel en Ruine !

Merci ☺

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